Dans le monde d’aujourd’hui, démolir des bâtiments en bon état n’a plus beaucoup de sens. Conserver et réparer l’existant, d’autant plus quand il a une valeur patrimoniale comme l’école Paul Bert, paraît donc évident. Notre proposition s’attache à ventiler les programmes dans le strict respect de l’enveloppe existante, sans ajouter ni retirer de surface au bâtiment dont nous héritons. Les nouveaux usages et les contraintes réglementaires sont utilisés pour tirer le meilleur parti du projet d’origine et favoriser l’accueil des nouvelles écoles et du nouveau programme d’IME.

Nous proposons de redonner à la façade sud sa qualité première de transparence, tout en améliorant ses performances thermiques. Sauf impossibilité technique avérée tous les châssis seront conservés et seuls les vitrages sont remplacés, en restituant les allèges et impostes d’origine. Pour le confort d’été, un système de brise-soleil en panneaux photovoltaïques doublé de stores à projection viendra protéger la façade, qui pourra également offrir des systèmes de surventilation nocturne particulièrement pertinent dans les périodes de fortes chaleurs dans les écoles. Ils sont relayés dans la cloison séparant les classes des couloirs avec des systèmes de grilles combinés à des parois feu et acoustiques.

Les circulations actuelles permettent de desservir chacune des deux écoles par deux escaliers ouverts sur les couloirs, et à chaque étage les deux ailes du bâtiment ne communiquent pas puisque les couloirs sont interrompus par le bloc central. En outre les escaliers doivent être mis en conformité pour permettre l’accès à toutes et à tous. Nous proposons de créer un nouvel escalier principal au centre du bâtiment qui permet de desservir les deux ailes et d’anticiper une réunification des deux écoles. L’ascenseur est implanté dans ce bloc central qui fait office de point de ralliement et de pivot à l’échelle du bâtiment. Des escaliers secondaires, éclairés naturellement, sont créés aux extrémités des circulations côté nord.

La structure métallique existante nous permet d’imaginer créer de grands chevêtres et d’en reboucher par endroit. Cette structure acceptant la modularité, nous pouvons imaginer réutiliser les parties supprimées pour renforcer renforcer la structure avec des goussets raidisseurs par ailleurs.
Initialement vitrée, cette façade transparente permettait à chaque salle de classe de trouver un prolongement dans le large couloir côté nord. Un banc et des patères permettaient aux élèves de déposer leurs affaires, ce qui créait sans doute un palier avant l’entrée dans la classe. Profitant de la finesse du bâtiment, cette transparence donnait également l’impression de salles traversantes, avec une double exposition au nord et au sud. L’ouverture de cette façade offrait la possibilité de ventiler le bâtiment de part en part, évitant ainsi les surchauffes en été. Nous restituerons cette cloison avec toutes ses qualités tout en intégrant les préoccupations environnementales actuelles.

Les méthodes d’enseignement ont beaucoup évolué depuis les années 1950, époque à laquelle l’aménagement des classes était systématique et statique (pupitres pour deux élèves dessinés par Marcel Gascoin, défenseur d’un modernisme accessible et pragmatique). Le plan-libre imaginé par les architectes permet aujourd’hui d’envisager des classes plus flexibles.

La réduction des surfaces programmatiques de l’école nous permet de conserver un élément important et très qualitatif du projet d’origine : un rez-de-chaussée libre servant de préau. Les documents d’archives nous permettent de constater que de grandes portes vitrées s’ouvraient généreusement, liant ainsi le préau avec la cour.

Le paysage de l’école Paul Bert est l’œuvre d’Albert Audias, paysagiste incontournable du milieu du XXe siècle ayant œuvré à l’émergence du métier de paysagiste tel que nous le connaissons aujourd’hui. Notre approche paysagère s’appuie sur cet héritage patrimonial avec l’ambition générale de renforcer la présence et l’intensité végétale du site.

Tirant parti de ses qualités paysagères et bioclimatiques, le patio est imaginé comme un îlot de fraîcheur dans lequel on peut puiser pour refroidir le bâtiment en été. L’ensemble des eaux pluviales recueillies en toiture est stocké dans cet espace. Puis, sur le modèle du puit canadien, on extrait l’air frais dans le patio pour le répartir dans les étages du bâtiment à l’aide de conduits. L’escalier central s’articule avec une grande cheminée de ventilation naturelle.

Moa
Ville du Havre

Lieu
Quartier d'Aplemont, Le Havre (76)

Programme
Rénovation énergétique exemplaire d'un patrimoine remarquable, restructuration des espaces intérieurs, réaménagement des espaces extérieurs

Surface
4500 m² SDP

Coût
7,3 M€ HT

Calendrier
ESQ en cours

Moe
atelierpng mandataire, rreel, jean chevalier, batiserf, inex, ecallard, opus

Matières
Bois, brique, aluminium, béton

lundi 27 mai 2024

Notre projet de rénovation énergétique exemplaire de l’école élémentaire Paul Bert, patrimoine remarquable de la Ville du Havre, a été désigné lauréat. Équipe: Rreel, Atelier Jean Chevalier, Batiserf, Ecallard, Inex, Opus.

Rénovation énergétique exemplaire d'un patrimoine remarquable de la Ville du Havre (76)
jeudi 12 octobre 2023

L'atelier a été retenu avec Lea Cottreel pour concourir aux travaux de rénovation énergétique exemplaire de l’école élémentaire Paul Bert, patrimoine remarquable de la Ville du Havre (76). Equipe: Lea Cottreel, Atelier Jean Chevalier, Batiserf, Ecallard, Inex, Opus.

photographie aérienne du site © IGN