Paul Mistral devient maire de Grenoble en 1919 jusqu’à sa mort en 1932, avec un projet axé sur l’accès au logement pour les populations les plus pauvres. Le choix se porte sur les terrains occupés par les fortifications de la ville qui sont déclassées et démolies.

L’OPHBM de Grenoble est créé en 1921 et engage très vite la construction de plusieurs programmes : la cité-jardin le Rondeau entre 1922 et 1924, la cité de la Capuche entre 1924 et 1925, la cité de l’Abbaye entre 1929 et 1931 puis la cité des Abattoirs entre 1931 et 1936.

Suite à la première expérience de la cité-jardin du Rondeau le choix est fait de construire des logements collectifs partageant la même distribution et les mêmes techniques de construction. La cité de l’Abbaye est le programme le plus ambitieux et sa construction va se dérouler en deux tranches sous la houlette de six architectes: Morard & Bonnat, Fonne & Rochas et Rome & Rabilloud. Ils sont reconnus et connaissent parfaitement les arcanes de l’OPHBM.

La première tranche de 176 logements débute en décembre 1927 et se termine en 1929, tandis que la deuxième tranche de 88 logements sera réalisée entre 1930 et 1931.

Le plan d’ensemble de la Cité de l’Abbaye a été constitué sur la base d’un groupe de 5 bâtiments disposés de part et d’autre d’un axe de symétrie selon un plan de type «îlot ouvert», répété trois fois sur l’axe Nord-Sud: 2 de type A, 2 de type B et 1 de type C.

La disparition d’un seul bâtiment, en l’occurrence de type C, fait naître le sentiment d’une amputation, renforcé par la subsistance de ses deux autres homologues. Construire un nouvel immeuble à l’emplacement du disparu fait se poser la question de la restitution, option qui aurait pu être retenue même si cela est rarement le cas en France. Et dans le même temps le nouveau bâtiment se doit de s’inscrire dans l’histoire de ses pairs, à savoir la production du logement social en France dont les conditions actuelles sont dissemblables de celles de l’entre-deux-guerres.